La vie masquée au temps de la Covid-19 : retour d’expériences et réflexions sur une éthique de la socialité
Café éthique
Le jeudi 18 novembre 2021, de 16h à 18h30
Format webinair
ARGUMENTAIRE
La crise sanitaire actuelle bouleverse notre rapport aux autres, non seulement à cause de la distanciation physique imposée entre les personnes, mais également en raison du port du masque. Rendu obligatoire pour lutter contre la pandémie, le port du masque altère notre rapport à l’autre et modifie nos interactions présentes et à venir. Placé entre soi et le monde extérieur, le masque symbolise aussi l’Etat sanitaire qui s’immisce dans notre intimité là où d’ordinaire le masque, déguise, cache, protège, illusionne, tout autant qu’il libère. Cette fonction symbolique s’efface avec le virus, puisque le masque se trouve essentiellement investi dans son aspect matériel, hygiéniste. « On ne doit plus rien toucher, pas même son propre visage… […] Une sorte de vertige du tactile se déploie là. Vertige du sensible. Car tous nos sens ont perdu leur évidence, leur familiarité »[1]. La distanciation physique renforcée par le port du masque créé de fait un bouleversement dans l’intersubjectivité et dans la relation de soin. L’accès au visage est d’emblée éthique, nous dit Levinas, plaçant la relation au centre de notre vie propre. Partant, le masque nous prive du visage de l’autre dans son entier, nous dépossède de la douceur des sourires, et s’érige comme un rappel constant au danger, à la contamination, à la maladie et à la mort. En impactant nos espaces proxémiques et nos écologies corporelles, distanciation physique et port du masque ne peuvent dès lors manquer de déboucher sur des solitudes accrues et sur une désaffection du monde du sensible. L’expérience de la vie masquée et distanciée impacte ainsi tous les secteurs du soin dans leur pratique du care (petite enfance, handicap, grand âge, etc), où la perte des sensorialités dans la relation à l’autre peut avoir des effets désastreux. Plus que jamais, il s’agira d’élever au zénith une éthique du soin incarné, capable de faire lien entre vulnérabilité et responsabilité. Il s’agira pour ce faire de partager l’expérience des professionnels confrontés dans leur pratique aux problématiques attenantes au port du masque et d’apprendre des inventions/innovations pensées et mises en place au cours de la crise sanitaire, notamment via l’usage du masque dit « inclusif ».
[1] « Coronarration » ou les paroles gelées, Christian Salmon, écrivain.
PROGRAMME
16h00 : Accueil des participants
16h05 : Introduction, monsieur Hubert STEPHAN, président du Conseil d’Orientation de l’Espace de Réflexion Ethique de Bretagne (EREB).
16h15 : « Covid et maladie neuro-évolutive : la difficile rencontre à travers les masques », madame Geneviève DEMOURES, médecin gériatre.
16h40 : « Se protéger en avançant masqué : le regard d’un dermatologue », madame Aurélie DUBREUIL, médecin dermatologue.
17h05 : « Continuité du lien, en mode dégradé // « Quand je mets ce masque, je peux faire n’importe quoi, être n’importe quoi » (citation du film The Mask (1994) », Gabrielle SELLIER, AMP, et Médéric KERHOAS, psychologue au foyer Ker Odet, association Kan Ar Mor.
17h30 : « Éthique et masques en CSAPA (addictologie) : retour sur le 1er confinement », monsieur Stéphane Nutini, infirmier et madame Laetitia MARCUCCI, enseignant-chercheur en éthique et philosophie du soin, responsable du DU « Ethique et relation de soin », université de Rennes 1.
17h55 : « Quand le masque souligne l’éthique du Visage : réflexions à partir d’une unité de soins palliatifs », madame Marie-Laure BOREL, médecin en unités de soins palliatifs.
18h20 : Temps d’échanges et conclusion, monsieur Cyril HAZIF-THOMAS, chef de service du pôle intersectoriel de psychiatrie de la personne âgée (hôpital de Bohars), docteur en droit, directeur de l’Espace de Réflexion Ethique de Bretagne (EREB).
INSCRIPTION
Les inscriptions seront closes le jeudi 18 novembre à 11 h.
Un lien de connexion vous sera envoyé le jeudi 18 novembre dans la matinée afin que vous puissiez vous connecter.